Arnold en Belgique 1/*
Un journaliste, bo(no)bo parisien, a suivi nos pérégrinations du week-end en Belgique. J'ai réussi à lui extorquer son bloc note pour publier ici ce qu'il a écrit pendant les trois jours passés en notre compagnie…
Mercredi 24, 20h45
Appel inconnu, 10 minutes avec le manager des Arnold, je ne sais pas comment il a eu mon numéro, il me propose un reportage sur 3 jours de tournée en Belgique, flatte juste ce qu'il faut mon ego, il connaît tous mes faits d'armes de reporter musical, faut dire qu'en 2 ans, deux portraits sur les Inrocks et un reportage sur un festival de fond de bourg pour Rolling Stones, pas difficile de faire le tour. Envie de me laisser convaincre et puis 3 jours en Belgique aux portes de l'hiver, ça paiera pas mon loyer mais ça peut toujours réchauffer. J'dis oui, il semble étonné, j'ai presque pas discuté, lui laisse mon mail, on partira vendredi, retour dimanche soir. Petit passage par la case Google, je ne connais pas le groupe, ces Arnold sont plutôt bien implantés sur la toile et avec un nom comme ça ils concurrencent même Schwarzie ou le frère de Willie dans Google, au pire si la musique est mauvaise, je pourrai toujours revendre le reportage à PC Inpact ou "moteur de recherche magazine" …
Jeudi 25, 23h12
Je reçois un coup de fil du chanteur, voix de cave, un peu minet, un peu cassée, un peu emmerdé surtout, une histoire de caisse, de pote, de plus possible finalement… Il me demande si j'en ai une, si moyen d'y caler une contrebasse, dans une saxo ? ouai pas de problème, le contrebassiste lui dit que ça passe, il l'a lu sur un forum de contrebassistes qui font du covoiturage… Je précise qu'il faudra me défrayer, il prend un air entendu : "évidemment, tu nous as pris pour des escrocs ?".
Vendredi 26, 12h14
Rendez vous pris rue du Chevalier de la Barre dans le XVIIIeme, tout un programme. J'arrive à l'heure, ils sont déjà là dans l'appart du bassiste, 30 m² calés sur les toits de Paris, un lieu à détrousser de la groupie. Ils font plut petit que sur le web, Jérémie le chanteur, béret collé au front, la gouaille du parigot, presse les troupes, il veut être à l'heure. Direction Compiègne pour récupérer Félix, le batteur, charger le matos puis on file droit direction Belgique pour retrouver le guitariste, Hadrien, expatrié. Tout le monde se met en branle, je me demande comment Hugo va réussir à sortir la contrebasse de l'appartement, je m'étais déjà demandé en rentrant comment il pouvait cohabiter avec une ancêtre si imposante … Il disparait derrière, négocie les angles droits, fait dans le créneau acoustique, descend les 3 étages et victorieux s'extraie. Reste plus qu'à la faire entrer dans la Saxo, le mec du forum avait pas tort ça passe !
km 90, Rémy, on récupère Félix, je découvre le C15, je comprends maintenant pour quoi ils disent LE C15, la bête les accompagne depuis toujours, quelques 200 concerts, bourré jusqu'à la gueule, tout y rentre, même une caisse à outils, un vieux duvet, une tente de fortune, une bouteille de flotte de la tournée de 2004. Ils me proposent de faire le voyage dedans, en copilote avec Félix, clin d'œil entendu, genre chanceux que je suis, je me demande surtout si l'antiquité est chauffée.
km 212, j'aime bien les musiciens qui ne te parlent pas de musique, elle parle pour eux. Avec Félix, suis servi, ça fait 1h30 qu'il me parle de tout, de sa vie, de sa femme, de sa fille qui a un an, de sa maison, de celle qu'il vient d'acheter, qu'il va retaper, de la Picardie, de vieux ampli qu'il va récupérer au fin fond des Ardennes et qu'il répare et du boulanger de Rémy, qui fait un pain sublime, des cheesecake pas honnêtes et qui partira forcément pour le Sud dans pas longtemps, c'est ce que font tous les bons boulangers picards, Félix me l'assure. Déjà en Belgique, failli rater l'embranchement Namur, on partait pour Bruxelles. Soleil choyant à l'ouest, on fonce vers l'est, direction Wepion en bord de Meuse.